L’ORIGINE DE VILLERS-OUTREAUX Villers-Outréaux peut être considéré, dans les temps anciens, comme une partie de l’Arrouaise. Elle aurait été occupée par une tribu nomade qui doit être regardée comme la souche de la population de notre village. C'était une forêt assez large, qui s’étendait jadis sur les confins du Cambrésis et du Vermandois. On la nommait l'Arrouaise (Arida Gamentia, Arroasia). De cette grande forêt qu’était l’Arrouaise, il reste quelques hectares vers Crévecoeur avec le bois des Angles et le bois de Mortho, vers l’est le petit bois de Malincourt, le bois de la Gourdine et celui de Terremonde.
Au Vème siècle, la terre de Vincy (ou Vinchy) était un manoir situé à proximité de Crévecoeur-sur Escaut. Aux Rues-des-Vignes, l'écluse du canal porte encore ce nom historique. Cette terre appartenait aux rois de France.
En 640, au temps de saint Aubert, évêque de Cambrai (633-668), le roi Dagobert la donne aux religieux de l’église Saint-Pierre de Cambrai (à l'emplacement de l'actuel St-Géry, plus tard abbaye de Saint-Aubert).
Vers 715, Charles Martel groupe autour de lui les plus nobles des Austrasiens.
En 716, il attaque les Frisons (Hollande) qui ont remonté le Rhin mais il est battu à Radbad. Les Neustriens sont sur la Meuse ; il les bat à Amblèves, près de Malmédy. Il les poursuit.
Le 21 Mars 717, Charles Martel bat de nouveau les Neustriens à Vincy et le roi Chilpéric II (715-720), successeur de Dagobert II et son maire du Palais, Raimfroi (ou Ragenfred) s’enfuient jusqu’à Paris. Le territoire de Vincy est donc de nouveau domaine royal. C'est à l'époque des évêques saint Emebert (mort en 713) et saint Adulphe (ou Adolphe – 716-725).
Les années suivantes verront la construction de l’abbaye, appelée « royale » de St-Pierre d’Honnecourt (Hunnicurtis). « Les possesseurs de cette terre de Vincy firent et laissèrent exécuter de nombreuses éclaircies dans leur portion de l’Arrouaise, ils protégèrent la cellule du missionnaire-laboureur. Ils établirent des forteresses, des fermes environnées de terres défrichées et dans lesquelles le voyageur fatigué ou poursuivi, abordait après une longue traversée de bois ». Ainsi commencèrent :
- BOENI : l’habitation des bois : BONY.
- GOIACUM : La forteresse sur un coteau buissonneux : GOUY.
- DE BELLO-VISU : La Belle Vue : BEAUREVOIR.
- VILLARE : La métairie : VILLERS.
- PARVUM ALBENCEOLUM : Petite colonie du bois : AUBENCHEUL AUX BOIS.
- STAGNUM : étang ou marais avec sources abondantes : LESDAIN.
- LIGESCURTIS : La métairie de la Vallée : LIGESCOURT (terre ou sera ensuite construit VAUCELLES).
Mais les métairies se multiplièrent, un second nom fut ajouté au premier et ainsi notre village s’appela : Villers·Renardi, nom du chef, seigneur ou fermier, pour le distinguer de Villers-Plouich, de Villers-Guislain ou même d’un village plus proche, Scuvillers, qui se situait à la jonction de la route nationale entre Cambrai et Saint-Quentin, et du chemin conduisant à Aubencheul-aux-Bois. .
Plus tard, vers 1200, le nom latin est fixé : Villare-Ultra-Aquam, « la où les ferme(s) au-delà de l’eau »
En effet, par rapport à Honnecourt, situé sur la rive gauche de l’Escaut (et siège du Suzerain), Villers est au delà du fleuve Escaut d’ou Villers-Oultre-Eau, puis Villers-Outreaux. ll est probable que Villers fut village frontiére pendant plus de 200 ans. La partie Picardie devint française sous Louis XI en 1482 et la partie Cambrésis, sous Louis XIV, en 1677. Son territoire, limité à quelque sept cents hectares, était encore divisé en deux parties, la picarde et la cambrésienne, à quoi correspondaient :
- du côté Cambrésis, le château de Mondhestour ou Mondétour ; ou encore Mont d'Estour, selon une inscription de 1698. On signale, en 1185, un seigneur résidant à Villers : Henri de Villers ; puis, en 1190, son fils Wis ou Wido ; ensuite Jean de Villers. Selon certaines sources, il comportait plusieurs tours ; selon d'autres, une seule sur une colline. Le château se situait à l'angle des rues V. Hugo et J. Jaurès (d'autres disent rue de la République et rue Curie). Le sous-sol peut nous fixer davantage : la présence, au croisement de la rue de la République et de la rue Curie, de deux carrières, à vingt mètres. de profondeur, l'une de 45m. Sur 36 ; l'autre, de 35 sur 36. On peut supposer là des carrières de pierre à bâtir, aménagées ensuite en refuge pour temps de guerre et de pillage. Les pierres du château auraient été réutilisées pour bâtir des maisons après le dernier seigneur. À une date inconnue, il est décrit comme un château de pierres blanches, avec un cour entourée de vieilles murailles et un jardin, le tout occupant environ cinq mencaudées (environ deux hectares). Une autre inscription, tirée des Archives départementales du Nord de 1744 atteste que Mont de Tour, une seigneurie relevant de Walincourt dans la paroisse de Villers est au seigneur Dominique, marquis d'Havrincourt, depuis l'acquisition qu'il en a faite en 1720. On y voyait encore, au XIXème siècle, des restes de fossés ou, plutôt, des dénivellements de terrain dans les « petites rues ».
- en Picardie, un fief (terre qu'un vassal tient de son suzerain à condition de lui prêter hommage et de payer certaines redevances), le fief de la Vieville. Il nous reste une partie de la maison en pierre à l'extrémité de la rue de la Vieville, au carrefour des trois chemins. À côté des seigneurs laïcs, les seigneurs ecclésiastiques veillaient surtout aux biens donnés (terres ou bois) sur lesquels les laïcs prélevaient indûment. Ils prélevaient la dîme. Il s'agissait des évêques de Cambrai, des abnbés de St-Aubert, à Cambrai ou d'Honnecourt, de Vaucelles et, quelquefois du Mont-St-Martin.
Villers-Outréaux a subi les vicissitudes des communes environnantes, et son histoire considérée avant 1057 se confond avec celles du Cambrésis et de la Picardie. Ravages exercés, soit par les Normands, par les Huns, soit par les seigneurs du pays, principalement le fameux OTHON, seigneur de Gouy et comte du Vermandois. Villers a subi également la rigueur exceptionnelle de certains hivers, comme celui de 1315 dans lequel on vit la neige tomber sans discontinuer pendant 7 mois, ce qui avait rendu les forêts impénétrables et les routes impraticables et fut cause qu’un grand nombre de cabanes restèrent ensevelies.